Fait majeur : les BRICS se sont transformés en un bloc élargi — souvent appelé BRICS+ — et pèsent désormais près d’un tiers du PIB mondial tout en regroupant près de la moitié de la population planétaire, une dynamique qui redessine progressivement les équilibres économiques et géopolitiques.
Pour illustrer ce que cela change au quotidien, prenons le cas de Groupe Armand, une PME française d’équipements industriels qui exporte en Afrique et en Asie : l’arrivée de nouveaux membres au sein des BRICS modifie ses opportunités commerciales, ses calculs de risques et ses choix de financement.
Pourquoi l’expansion des BRICS change la donne économique mondiale
En l’espace de deux décennies, les pays originels du BRIC ont dépassé des seuils majeurs : la Chine et l’Inde figurent désormais parmi les premières puissances par PIB, tandis que le groupe élargi dépasse le G7 en PIB combiné. Ce basculement se traduit par une capacité accrue à peser sur les normes commerciales, la finance internationale et la gouvernance des institutions multilatérales.
- Poids macroéconomique : PIB combiné en forte hausse et 45 % de la population mondiale.
- Influence politique : coordination renforcée sur les questions monétaires et commerciales.
- Ressources naturelles : meilleur accès aux matières premières stratégiques.
Ce que montre cette tendance, c’est une volonté claire de diversifier les leviers d’influence hors du cadre occidental traditionnel. Pour les entreprises françaises comme LVMH ou Renault, l’enjeu est double : capter des marchés en croissance tout en gérant des risques politiques accrus.
Insight : la puissance des BRICS ne vient pas d’un seul modèle économique mais d’une mosaïque d’avantages comparatifs — industrie manufacturière, énergie, services — qui rend le groupe résilient face aux chocs.
Héritage et moteurs de croissance : industrie, démographie et commerce
La trajectoire des BRICS s’est construite sur des politiques publiques orientées vers l’industrialisation, l’éducation et les infrastructures. La Chine et l’Inde ont tiré la croissance grâce à l’industrie et aux services, tandis que la Russie et le Brésil ont capitalisé sur les ressources naturelles.
- Exportations : fortes hausses de volumes entre 2000 et 2021 (Chine ×13, Inde ×9).
- Investissements étrangers : IDE massifs, notamment en Chine, multipliés par quatre depuis les années 2000.
- Démographie : un réservoir de main-d’œuvre jeune, porteur de demande intérieure.
Pour une banque comme BNP Paribas ou Société Générale, ces évolutions signifient de nouvelles opportunités de financement de projets, mais aussi la nécessité d’une gestion accrue des risques pays. La hausse des coûts salariaux en Chine, par exemple, incite certains investisseurs à migrer vers d’autres hubs émergents.
Insight : la croissance perdure mais change de nature — moins basée sur l’export massif, plus sur la consommation domestique et la montée en gamme industrielle.
Marchés financiers et limites : volatilité, performances et concurrence
Les indices des marchés émergents, portés en partie par les BRICS, ont surperformé jusqu’en 2007 puis montré une plus grande volatilité. Depuis la pandémie, le MSCI Emergents a stagné, pendant que le S&P 500 affichait des gains soutenus, révélant une divergence importante pour les investisseurs.
- Volatilité élevée : indices émergents plus sensibles aux chocs globaux.
- Rendements divergents : surperformance historique suivie de phases d’ajustement.
- Concurrence : nouveaux entrants (Mexique, Indonésie, Bangladesh) grignotent des parts de marché.
Exemple concret : une société d’ingénierie française s’appuyant sur des capitaux de Veolia et ENGIE voit son coût du financement varier fortement selon l’évaluation du risque du ou des pays partenaires au sein du BRICS+. Cela oblige à des stratégies de couverture et de multi-devises.
Insight : les marchés offrent des opportunités mais demandent une sophistication accrue des stratégies d’allocation d’actifs.
Social, inégalités et soutenabilité : les failles d’une ascension économique
La croissance fulgurante n’a pas fait disparaître les fragilités sociales. La réduction de la pauvreté est réelle mais les inégalités persistent, souvent sans amélioration significative depuis les années 2000.
- Pauvreté : recul net depuis 1990, porté par la Chine, l’Inde et le Brésil.
- Inégalités : coefficients de Gini élevés et souvent stables (Brésil, Afrique du Sud).
- Défis sociaux : éducation, santé, distribution des gains de croissance.
Pour des groupes comme Danone ou TotalEnergies, l’enjeu est d’articuler expansion commerciale et responsabilité sociale : projets d’accès à l’eau, transition énergétique, ou partenariats locaux deviennent des critères de succès durable.
Insight : sans transformations sociales profondes, la soutenabilité de la croissance reste limitée et source d’instabilité politique.
Que peuvent attendre les entreprises européennes et françaises ?
L’élargissement des BRICS ouvre des marchés, des partenariats en énergie et en infrastructures, et une concurrence accrue. Les entreprises françaises peuvent en tirer profit si elles adaptent leur modèle : alliances locales, montée en gamme technologique et solutions de financement innovantes.
- Opportunités : construction, luxe, aéronautique, énergie.
- Risques : volatilité politique et monétaire, guerre commerciale potentielle.
- Stratégies : diversification des fournisseurs, partenariats public-privé, couverture des risques.
Illustration : Airbus et Dassault peuvent trouver des marchés pour leurs avions, tandis que LVMH et Renault conçoivent des stratégies de pénétration plus ciblées face à des consommateurs émergents.
Insight : la réussite dépendra de la capacité des groupes à combiner présence locale et know‑how technologique.
Monnaie, gouvernance globale et candidats à l’adhésion
La question d’un instrument financier commun ou de mécanismes de dédollarisation est régulièrement évoquée. Si une monnaie commune paraît aujourd’hui improbable à court terme, les BRICS intensifient les échanges en monnaies locales et multiplient les initiatives pour réduire leur dépendance au dollar.
- Dédollarisation : accords bilatéraux en monnaies locales et réserves diversifiées.
- Gouvernance : réforme des institutions financières internationales pour plus de représentation.
- Candidats à l’adhésion : Algérie, Indonésie, Nigeria, Turquie, Argentine montrent leur intérêt.
Sur le plan pratique, des lectures et analyses permettent de mieux comprendre ces enjeux, notamment les débats autour des monnaies et de l’impact économique global, accessibles via des ressources analytiques dédiées.
Ressources utiles : les enjeux de la guerre des monnaies, découverte du CAC 40, analyse sur la guerre des monnaies et dédollarisation, guide du CAC 40 et ses entreprises, comprendre les impacts économiques des monnaies.
Insight : la reconfiguration monétaire et institutionnelle est progressive ; elle exige des entreprises une veille stratégique constante.
Actions concrètes recommandées pour une PME exportatrice (fil conducteur : Groupe Armand)
Groupe Armand doit adapter sa feuille de route commerciale et financière en tenant compte des réalités des BRICS+.
- Diversifier ses marchés pour réduire le risque pays.
- Localiser une partie de la production ou des partenariats pour mieux capter la demande.
- Hedger les risques de change et construire des relations bancaires locales (BNP Paribas, Société Générale).
Insight : la stratégie gagnante combine proximité locale, robustesse financière et capacité d’innovation produit.
Que représentent concrètement les BRICS aujourd’hui ?
Les BRICS forment un ensemble d’économies émergentes (Chine, Inde, Russie, Brésil, Afrique du Sud) élargi depuis 2023–2024 à d’autres pays. Ils représentent une part significative du PIB mondial et de la population, et cherchent à accroître leur influence économique et financière.
Pourquoi les entreprises françaises doivent-elles s’y intéresser ?
Les BRICS offrent des débouchés commerciaux importants (consommation en expansion, infrastructures, énergie). Mais ils imposent aussi de gérer des risques accrus : volatilité politique, monétaire et complexité réglementaire. Des groupes comme LVMH, Renault ou TotalEnergies adaptent déjà leurs stratégies.
La dédollarisation est‑elle imminente ?
Une dédollarisation totale est peu probable à court terme, mais on observe une diversification progressive des réserves et des paiements en monnaies locales. Cela entraîne des ajustements dans le commerce et le financement international.
Quels secteurs bénéficient le plus de l’expansion des BRICS ?
L’aéronautique, l’énergie, les infrastructures, le luxe et l’agroalimentaire sont particulièrement concernés. Les entreprises pourront tirer parti d’une demande domestique croissante et de projets d’investissement massifs.
